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Asso - Anciens combattants
Cérémonie du 8 mai 2018
16/12/2018

Cérémonie du 8 mai - discours de Alain Haeuw,

(Président de la section Locale des Anciens  Combattants)

Le 27 novembre 1943, la Gestapo d’Arras arrêtait Mme EDOUARD, sa fille IDA et son fils RENÉ. Résistants, ils font partie de la branche arrageoise du réseau dirigé par Michel (ou Mickaël) TROTOBAS, dit Capitaine Michel.

Né en 1914 en Angleterre, le capitaine Michel est le fils d’un Français et d’une Irlandaise. Soldat, il est cantonné dans notre région jusqu’à la débâcle de juin 1940. En 41, envoyé par le War Office de Londres, il est parachuté en France. Il est arrêté, réussit à s’évader du camp de Mauzac en Dordogne, non loin de Bergerac et rejoint l’Angleterre par le Portugal. En novembre 42, il est à nouveau parachuté en France. Il est alors agent du S.O.E., le « Special Operations executive », c.à.d.  la « Direction des opérations spéciales » qui est un service secret britannique  chargé de soutenir les mouvements de résistance. Il prendra le nom de guerre de « Sylvestre ».Il organise dans la région un réseau de renseignements dont le nom de code opérationnel est « Farmer », prépare des parachutages et organise des sabotages. Ainsi, celui de l’usine de Fives-Lille dans la nuit du 26 au 27 juin 43. Les transformateurs sont endommagés, l’usine est à l’arrêt total pendant 48H et elle ne fonctionnera jusqu’à la fin de la guerre qu’avec une centrale de secours.

Après cet acte, les Allemands mettent sur pied une équipe spéciale composée d’agents de la Gestapo de la Madeleine qui travailleront avec des militaires de l’Oberfeldkommandantur 670 dépendant du commandement militaire de Bruxelles. Leur travail minutieux conduira dans des circonstances mal définies mais assurément facilitées par des trahisons à des arrestations de membres du réseau, d’abord ponctuelles dès juillet puis massives les 27 novembre et 14 décembre.

Ainsi JEAN VELGE, officier belge venu de Bruxelles est arrêté en Belgique en juillet ; il meurt sous la torture sans avoir parlé le 4 octobre. Le jour de l’arrestation de RENÉ EDOUARD, un autre homme du Capitaine Michel, LUCIEN DELACROIX, dit Lulu se donne la mort d’une balle dans la tête à Fontaine-lez-Croisilles, plutôt que de se rendre. Le 28 novembre, le Capitaine Michel est abattu à Lille par la G.F.P., Geheime Feld Polizei. Compte tenu de l’ensemble de ces éléments, la Gestapo décide de boucler le dossier. Des ordres d’exécution parviennent à la prison d’Arras.

Le 22 décembre, 8 hommes du groupe Sylvestre Farmer sont exécutés par groupe, de 3 minutes en 3 minutes :

ROGER SAVAUX, 22 ans d’Hébuterne ; ALEXANDRE PHALEMPIN, 30 ans meunier d’Hébuterne ; CHARLES ROGER, 40 ans maire de Gommecourt ; FRANÇOIS  DARRAS, 33 ans, père de 4 enfants, cultivateur à Hébuterne ; CONSTANT MISERON, 33 ans, neveu d’IDA ; ALEXANDRE MAURY, 40 ans ; PIERRE DITTE, 32 ans ; Ces trois derniers sont cultivateurs à Saint-Léger.

Et puis notre concitoyen : RENÉ EDOUARD, 22 ans, mécanicien à Hénin-sur-Cojeul. Où allaient ses pensées ? Vers sa famille bien sûr à qui il adressa une dernière lettre.

Comme nous nous en rendons compte par ces exemples dramatiques les années 1942 et 1943 furent des années plus que sombres pour les résistants des pays qui s’opposent à l’ordre nazi. Et pourtant. Une voix puissante traverse les frontières : celle du Général DE GAULLE. Le Royal Albert Hall de Londres est comble pour la célébration du deuxième anniversaire de l’Appel du 18 juin. Le Général qui prend la parole devant 10 000 français libres dit dans ses mémoires qu’il « sent, ce jour-là, en même temps que l’espoir, planer l’allégresse ». C’est fort de cet espoir pour son pays que RENÉ EDOUARD et ses compagnons ont combattu. Puisque qu’il n’a pu en récolter les fruits, pensons à lui qui contribua à ce que nous vivrons libres aujourd’hui et respectons en sa mémoire une minute de silence.